Notre séjour dans la petite ville de Ruskin vise à profiter
de sa proximité des deux cités de Tampa et de Saint Petersburg. Dans un premier temps, nous décidons de
rouler les 140 kilomètres d’autoroute qui encerclent les trois baies contigües
à cette zone de plus de 600 000 habitants. Cette tournée nous donne l’occasion de traverser deux immenses ponts qui nous offrent un point de vue unique sur les
baies de Tampa, de Old Tampa et de Hillsborough. À titre indicatif, le seul pont Sunshine
Skyway nous permet littéralement de "marcher" sur les eaux pendant 24 kilomètres. Ce
premier contact nous fait tomber en amour avec Saint Petersburg, si bien que
nous décidons d’y concentrer notre emploi du temps. Nous n’aurons donc connu cette fois de
Tampa que sa traversée lente en voiture, à l’heure de
pointe, notamment sur le Howard Franklin
Bridge, long lui aussi de plusieurs kilomètres.
En entrant à Saint Petersburg, nous nous dirigeons d’abord vers
la célèbre librairie Haslam, au nord de Central Avenue. Un immense et vieux bâtiment, sur un étage
seulement. Probablement un ancien
entrepôt recyclé. Peinte en beige à
l’extérieur, la bâtisse est propre, mais elle ne paie pas de mine. Sur un mur on peut lire qu’il s’agit de la plus grande librairie en
Floride, avec plus de 100 000
titres de livres neufs et usagés. À dix
heures pile on nous débarre la porte et nous pénétrons dans un merveilleux
royaume de poussière et de rayons de bibliothèque. Les deux étagères d’œuvres francophones
totalisent au plus une cinquantaine de bouquins, hétéroclites et de tous les
âges. Tous sont usagés. Ils vont du vieux dictionnaire démodé à une
monographie des canadiens français émigrés en Nouvelle Angleterre. Nous repartons avec la réédition d’une
publication de l’histoire de Maisonneuve, datant de 1882, et reproduite à
partir d’un exemplaire de l'University of Michigan Library. S’ajoute à cela un roman d’André Gide et un
autre d’une inconnue, Muriel Barbery.
Dans ce cas ci, c’est le titre qui fut accrocheur, Il s’agit de "L’élégance du hérisson."
Une fois approvisionnés en lecture francophone, nous partons
visiter le musée Dali. Exclusivement
consacré à Salvator, cette institution fait une rétrospective d’une très grande
quantité d’œuvres de l’artiste, à toutes les époques de sa vie. Il s’agit de la plus importante exposition
permanente de peintures du maître en
dehors de l’Espagne. On le sait, Dali a
vécu plusieurs années aux États-Unis, notamment et surtout pendant la seconde
guerre mondiale. Il s’est alors lié
avec un couple d’étatsuniens fortunés qui lui ont acheté des dizaines et des
dizaines de toiles. Quand vint le temps
d’en faire le don, ceux-ci choisirent Saint Petersburg, où on construisit un musée sécuritaire
(contre les ouragans de catégorie 5) et originalement esthétique. Soit â l’image des œuvres qu’il abrite. Nous y sommes resté des heures tellement la
matière était riche.
Au lendemain de cette journée bien remplie, nous partons
visiter cette fois le Morean Arts
Center, toujours à Saint Petersburg. On
y présente une exposition de l’artiste verrier Dale Chihuly. Au Musée des beaux arts de Naples, nous
avions déjà pu apprécier quelques unes de ses œuvres, toujours
spectaculaires. Aujourd’hui, il y en a beaucoup et de tous les genres
exploités par l’artiste. Thérèse ne se
lasse pas de prendre des photos. Une
fantasmagorie de couleurs, une opulence de formes, d’ondulations, de dessins
qu’on n’imaginerait pas possibles avec un matériau aussi complexe à
travailler. Une autre particularité de
ce créateur est la dimension souvent impressionnante de ses pièces de même que
leur grand nombre. Rapidement nous
comprenons qu’il peut compter sur l’aide de plusieurs habiles artisans,
techniciens de la soufflerie du verre.
Ceci dans plusieurs ateliers très équipés et très modernes. Cette approche permet à Chihuly de
multiplier par dix sa productivité, sans pour autant sacrifier à la qualité, puisque
c’est le maître qui décide des couleurs, des formes, des sujets, des profils,
de tout quoi.
C’est donc avec la
tête et les yeux pleins que nous sortons arpenter la Central Avenue, avec ses
antiquaires, ses galeries, ses ateliers d’artistes et ses cafés terrasses
variés. Nous dinons sur le trottoir, en
face d’un restaurant vietnamien qui offre des"phos" (prononcez "feus")
dignes de ceux auxquels nous avions été initiés à Hanoï même. La jeune dame qui nous sert est d’origine
montréalaise. Elle habite Saint
Petersburg depuis près de deux ans
maintenant. Ceci après avoir travaillé
pendant dix ans en tournée aux États-Unis avec une des deux troupes de
Cavalia. Qui prend mari prend pays. À trente ans elle voulait s’établir, sortir
de ses valises. Pour elle, Saint
Petersburg est un endroit formidable où il fait bon vivre.
Demain, nous partons pour Tallahassee, la capitale de la
Floride, puis pour Pensacola, à quelques pas de la frontière de l’Alabama.
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Sunshine Skyway de St Petersburg
Howard Franklin Bridge de Tampa
Musée de Dali
Assiètes géantes au mur
Chaloupe pleine de ballons
Lustre géant de Chihuly
Jardin coloré