La route est courte entre Las Lajas et Aguadulce. Nous arrivons donc tôt à l’Hotel
Carisabel. Une ballade au centre ville
nous mène au Parque Central. Une
affiche gouvernementale y indique que cet espace publique profite à plus de
43 000 personnes. Voilà un indice de l’ordre de grandeur de la
population de la région. Trois beaux édifices d’inspiration coloniale
espagnole : soit le Museo Regional
Sierra Stella, le Palacio Municipal et l’église construite en 1912. Celle-ci, toute blanche, est très
simple. Elle répond au canon
architectural propre aux temples catholiques d’Amérique Latine.
Le lendemain, samedi, nous prenons la route vers les marais
salants d’Aguadulce. Leur nom
l’indique, il s’agit de marres peu profondes
d’eau salée, exposées au vent et au soleil pour stimuler leur
évaporation. Occasionnellement, on les
fait se vider par gravité dans d’autres étangs de plus en plus petits. Si bien qu’à la fin du processus, de plus
étroites piscines de la grandeur d’un "spa"
sont pleines de saumure. Après une
dernière séance sous la chaleur, il ne reste que des cristaux blancs, qu’on
extirpe avec une spatule en bois accrochée au bout d’une branche écorcée. Le sel ainsi amassé est accumulé en petits
monticules enlignés en longues rangées parfaitement rectilignes.
Au bout des salines, nous arrivons à la plage puis au
village des pêcheurs. Sauf pour deux ou
trois bateaux semblables et de taille comparable à ceux de la Gaspésie, la très
grande majorité des embarcations de pêche sont de simples chaloupes d’une
vingtaine de pieds. On parle donc ici
de récolte artisanale à l’aide de filets.
Les résultats sont là, puisque les restaurants de la région offrent du
bon poisson et des fruits de mer frais sur leur menu. Toutefois, l’allure "pauvrette" des
maisons des pêcheurs en dit long sur leurs maigres revenus.
À Aguadulce, les gens nous reconnaissent bien comme étant la
minorité visible. En effet, nous sommes
les seuls touristes dans cette ville non touristique. Sauf exception, les gens nous saluent sans
arrêt et nous font voir que nous sommes bienvenus.
Au souper, nous garons la voiture face au restaurant choisi, mais de l’autre côté de la rue, soit
sur le stationnement du casino de l’endroit.
Thérèse s’écrie : "ne fais pas cela". Luc réplique stoïquement : "il n’y a
pas de gardien, pas de problème". À la
sortie de la salle à manger, deux gardes armés se tiennent debout à côté de
notre automobile. Ils sont équipés de
vestes anti balles et de détecteurs de métal.
Imperturbable, Thérèse se dirige vers l’entrée de l’établissement. Une vraie "Bond girl". Au même moment, Luc s’approche et débarre la porte de l’Elantra. Il dépose à l’intérieur sa canette de ginger
ale, son couteau et sa lampe de poche métallique. Il se dirige ensuite le plus naturellement
du monde vers sa compagne. Tous deux
font mine de vouloir entrer dans la maison de jeu. On les fouille, les ausculte, puis on leur
ouvre la porte.
L’intérieur est bien sûr climatisé. Des dizaines de machines à sous en ligne
clignotent. Beaucoup de joueurs. Majoritairement des joueuses selon Luc. Sans surprise, Thérèse opte plutôt pour une
égalité des sexes. Pas de tables pour
les cartes. Un bar sans buveurs. Un comptoir vitré avec deux caissières. Nous faisons nonchalamment le tour.
Nous nous attardons derrière quelques joueuses. Celles-ci agitent fébrilement leurs mains
devant l’écran. Comme si elles
pouvaient ainsi influencer le mouvement vertical des colonnes d’images variées
qui défilent. Malheureusement, personne
ne défonce la caisse pendant nos cinq minutes consacrées à jouer aux
curieux. Une fois passé le temps nécessaire à justifier notre stationnement "parasitaire", nous
nous empressons de quitter ce lieu de perdition…
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