vendredi 11 janvier 2013

BIG CYPRESS PRESERVE » DU 2 AU 6 JANVIER 2013



Pendant que les québécois glissaient sur la neige, de notre côté, nous le faisions sur l’eau. Dans des canots d’aluminium brillants de 16 pieds, nous avons participé à une visite guidée de 5 hres sur la rivière Turner. Organisée par les autorités de la « Big Cypress Preserve », cette balade dans les marais représentait pour nous une première expérience. Il s’agit d’un parcours de canots et kayaks très populaire, si bien que l’achalandage avait sensiblement éloigné la faune du coin. Une exception toutefois, soit les alligators. En effet,  ceux-ci étaient tellement amorphes et insouciants, qu’ils nous laissaient les frôler presque, tellement était étroit et encombré le passage laissé disponible aux embarcations.

Dans nos canots, nous devions circuler sans cesse en zigzaguant et en nous penchant. Nous devions même souvent nous accroupir tellement le dôme qui nous recouvrait était bas. Nous avions le sentiment de circuler dans les galeries tortueuses et mal éclairées d’une quelconque caverne. Comme de vrais explorateurs l’avaient fait avant nous dans les siècles précédents. Nous ne nous sommes pas rendus jusqu’au golfe du Mexique dans lequel se jette la rivière. Toutefois, cette première fut pour nous une bonne initiation. Nul doute que nous partirions maintenant plus en confiance si l’occasion nous était encore donnée de refaire seuls l’expérience. Peut-être au camping Flamingo du parc des Everglades, qui sait?

Le « Big Cypress Preserve » fourmille de sentiers et de routes de terre qui se prêtent bien à la ballade. Plusieurs, sinon la totalité de celles-ci sont bordées par un canal d’irrigation poissonneux et donc favorable à l’observation des oiseaux. C’est donc très optimistes que nous avons emprunté la boucle faite par les routes « Turner River Road, Wagon Wheel Road et Birdon Road ». On parle ici d’un trajet long de 17 milles. C’est donc en voiture plutôt qu’à pied que nous nous sommes exécutés.

Les oiseaux y étaient si nombreux, que nous étions plus souvent arrêtés qu’en mouvement. Une partie importante de toute la gamme des habitants des marais du  « Big Cypress » était présente. Notamment, des alligators, de toute grosseur, qui nageaient ou qui « paressaient » sur le littoral, étendus de tout leur long.

Au retour, nous nous sommes arrêtés au plus petit bureau de poste des États-Unis, soit celui de la bourgade Séminole dénommée Ochopee. Croyez-le ou non, il s’agit d’une minuscule maisonnette en tôle blanche, d’environ 75 pi.car. À peine de quoi y loger un comptoir, une chaise et quelques tablettes de rangement.

Pour finir la journée, nous nous sommes offert une randonnée d’un mille de long sur le trottoir de la « Kirby Starter Boardwalk ». Deux univers cohabitent au même endroit. D’abord, un grand champ sec d’herbes hautes, avec un jeune cyprès ici et là, chacun très espacé de ses voisins. Nous espérions y voir des chevreuils mais en vain. Plus loin, un marais inondé, avec d’immenses cyprès chauves cette fois, chargés de vignes, d’orchidées orangées et de mousse espagnole. En surplomb, sous l’eau translucide, on peut distinguer des dizaines de poissons. Les aigrettes leur font la chasse, accompagnées d’ibis qui eux picorent le fond pour y dénicher un escargot ou toute autre bestiole enfouie dans la vase. Le plus beau nous est offert par un anhinga, couleur d’ébène,  qui fait sa toilette avec son bec, tout en se séchant les ailes et la queue sous le vent. Acrobate, il réussit à se faire quasi un nœud dans le cou pour aller se gratter le dos avec son bec. Ainsi en équilibre sur ses grosses pattes massives, en ballant au bout d’une branche sèche, il pourrait certes postuler une place au Cirque du soleil.

Dès 7 h 45, le lendemain, nous voilà en route pour la « Marsh Trail », sise à 47 km de notre campement à « Monument Lake ». Incidemment, ce dernier tire son nom d’un monument qui y a été érigé pour commémorer une rencontre officielle qui eut lieu en 1938, entre le gouverneur de l’état et des représentants des Seminoles. À la fin de la réunion, le chef du gouvernement demanda aux amérindiens s’il y avait quelque chose qu’il pouvait faire pour eux. La réponse fut un bref et laconique « laissez-nous vivre en paix ».

D’un mille et demi de long, la « Marsh Trail » est bordée des deux côtés de superbes marais de mangroves. Ceux-ci font écran, si bien que ce n’est que par quelques rares fenêtres que nous pouvons apprécier la faune et son habitat. Un belvédère a été construit sur deux étages. L’immense étang marécageux qui y fait face est une véritable carte postale vivante. On pourrait y passer des heures, de préférence avec un télescope ou des jumelles, pour y voir la vie qui bat. Au retour, une « O’Douls » au bord du lac fait l’affaire. Il fait 86 degrés F et le temps est moite. Nous soupons en bordure du lac orangé par le soleil couchant. Dans quelques minutes, nous partirons au « Night sounds » du « Kirby Starter Evening Boarwalk Stroll ».

Nous voilà de retour, il est 21 h. Pendant une heure environ, nous avons marché sur un trottoir de bois, en plein marais,  sans lumière artificielle d’aucune sorte. Le ranger Ron Applebaum nous a fait un cours magistral sur les 5 sens, en insistant sur les différences importantes de chacun d’eux, d’un animal à l’autre.  Par exemple, l’odorat plus raffiné des félins, grâce à leur organe de Jacobson situé sous la lèvre. Ou encore, la pupille de l’alligator qui est quasi aussi grande que son œil, ce qui lui permet de mieux voir la nuit et ce qui l’incite à la prudence le jour, s’il ne veut pas devenir aveugle par excès de lumière. L’expérience fut certes originale, en ce qu’elle nous a permis de réaliser qu’avec les minutes passées dans la pénombre, l’œil s’acclimate et on y voit pas si mal que cela.

Le lendemain de cette marche nocturne, nous optons pour une première visite formelle dans le parc des Everglades, soit à « Shark Valley ». On y trouve une piste de 25 km qu’on peut parcourir à pied, en tram ou à vélo. Nous optons pour les deux premiers modes de locomotion.

Contrairement à la « Big Cypress Preserve », la région de « Shark Valley » n’a pas l’épaisseur du substrat qui permet la pousse de grands arbres. En conséquence, d’immenses champs humides s’étendent à perte de vue tout autour de nous. Quelques taillis de végétation ici et là, mais d’une hauteur toujours inférieure (sauf exception) à une quinzaine de pieds. Il en est de même des quelques rares cyprès qui poussent ici et là. Même centenaires, ceux-ci ont des troncs qui ne dépassent guère les 4 pouces en diamètre.

En simplifiant grossièrement, on peut affirmer que le tiers inférieur de la Floride est doté d’une rivière peu profonde (6 pouces à 3 pieds), qui s’étend sur une largeur de 40 à 60 milles et qui coule vers l’Atlantique (à l’est), le golfe du Mexique (à l’ouest) et la baie de Floride (au sud). Ceci est une vitesse de 100 pieds par jour. Le sol au sud de la péninsule n’est jamais à plus de 20 pieds d’élévation au-dessus du niveau de la mer. Si bien que ce cours d’eau tranquille est parsemé d’îlots, de canaux, de mares, dont l’importance varie dépendamment que l’on soit en saison sèche ou en saison des pluies. Au plus fort des basses eaux, les poissons doivent se réfugier dans les quelques étangs devenus plus rares, ce qui oblige leur prédateurs à être plus concentrés autour des quelques points d’eau plus clairsemés. Inutile d’ajouter que ce phénomène facilite la tâche des prédateurs et des observateurs d’oiseaux, puisqu’ils ont beaucoup moins de territoire à couvrir pour se nourrir, que ce soit de protéines ou d’images.

La steppe de « Shark Valley » est une de ces régions qui regorgent de toute la faune des Everglades. Si on fait abstraction des animaux particulièrement farouches et difficiles  à voir, comme par exemple le raton-laveur, la panthère, l’ours noir, le chevreuil, le sanglier, la loutre et certains autres, nous y sommes on ne peut mieux servis pour admirer à satiété tous ceux qui ont moins peur de l’humain. Des dizaines d’alligators se font chauffer la couenne à deux pas de nous. Ils prennent ainsi un bain de soleil pour accumuler de l’énergie en prévision de leur éventuelle chasse nocturne. De la même façon, toute la gamme des pêcheurs ailés à grandes pattes est présente en très grand nombre. Elle ne se repose pas toutefois. Elle est sans cesse active et à l’affût, sous nos yeux admiratifs.

Notre quête de scènes de la vie aviaire nous permet de connaître un moment de grâce. En effet, nous avons le privilège d’observer une mère anhinga, sur son nid, avec ses 4 poussins encore duveteux. Belle scène familiale où celui des quatre qui est le plus insistant pour être nourri était aussi de loin le plus costaud et le plus vigoureux. Comme quoi, ce sont les gueulards qui ont le plus souvent la bouche pleine.

Non loin de là, puisque la courte saison des amours bat son plein, des mâles anhinga nous présentent des tableaux de maître, puisque parés de leurs couleurs nuptiales. Que ce soit au repos, les bras en croix et en équilibre sur une branche, ou sous l’eau, en chasse, propulsés à l’horizontale par leurs imposantes pattes palmées, ils nous offrent une exposition de moments de la vie quotidienne digne des grandes galeries.

 Coucher de soleil sur le "Monument Lake"

 L'emplacement des gardiens du camping au "Monument Lake"

 Un intrus "gator" espérant un lunch

 L'excursion sur la rivière Turner (mangroves)

Explications de notre guide sur la rivière Turner

 Campement de nos amis Armande et Jacques sur le "Monument Lake"

 Même la visibilité était réduite sur le "Monument Lake" certains matins

 Notre photographe ne manque aucune chance

FORT MYERS,VENDREDI LE 28 DÉCEMBRE 2012.



Fort Myers est le chef-lieu du comté de Lee en Floride. Alors que la ville ne comptait que quelques centaines d'habitants, Thomas Edison y passa les trente derniers hivers de sa vie. À la même époque, Henry Ford y venait aussi dans sa résidence d'hiver. Avec raison, ces deux illustres personnages s'étaient épris de ce mouillage sur la splendide rivière Caloosahatchee, qui donne accês au Golfe du Mexique, à la hauteur et à l'abri des iles Sanibel et ''Pine Island''.

C'est en marchant près de la marina du ''downtown'' Fort Myers que nous avons découvert cette superbe et très large rivière, traversée par trois longs ponts qui mènent à North Fort Myers. Le ''vieux'' Fort Myers s'est fait beau pour attirer les touristes. Les rues sont en pavés rouges, bordées de boutiques huppées, de galeries , de restaurants avec terrasse, d'édifices logeant les principaux services publiques de la ville et du comté. En face du palais de justice, un vieux chêne multi centenaire devait être abattu pour des motifs de sécurité. On décida opportunément de transformer sa dépouille en une immense sculpture illustrant l'aigle américain. En arrière scène, un majestueux Banyon, avec ses dizaines de troncs en colonnade. Judicieuse récupération. Dans le port, un bateau à aube qui une fois par mois offre une croisière d'un jour en amont de la Caloosahatchee, jusqu'à sa source, le grand lac Okeechobee. À retenir pour un éventuel hypothétique séjour dans la région.

Le ''Southwest Florida History Museum '' fait un bonne rétrospective de la région, de la préhistoire jusqu'à nos jours. Soit à partir de l'époque où le niveau de l'eau était beaucoup plus bas, libérant de vastes plaines semblables aux steppes actuelles de l'Afrique, avec le même type de faune. Depuis, ces territoires ont été inondés et la péninsule s'est sensiblement rétrécie. Les quelques centaines de séminoles qui y habitent encore sont arrivés en Floride après les espagnols.Durant la période pré-hispanique, ce sont les Calusas qui habitaient la région. Ceux ci furent décimés par les épidémies importées par les explorateurs et conquérants espagnols. Après l'achat de la Floride à l'Espagne et suite à  plusieurs guerres perdues par les séminoles au profit de l'armée états-unienne, les colons américains affluèrent sur ce territoire privilégié par la nature. L'élevage de bovins de même que les cultures des agrumes et de la canne à sucre devinrent rapidement les principales activités économiques de la région. Maintenant le sud ouest de la  Floride respire l'opulence, celle ci étant stimulée notamment par une affluence touristique qui ne se dément pas.


 Southwest Florida History Museum
 
Un bateau à aube qui une fois par mois offre une croisière d'un jour en amont de la Caloosahatchee, jusqu'à sa source, le grand lac Okeechobee

 Rivière Caloosahatchee, Fl.

 Fort Myers, Fl.

 Fort Myers, Fl.

Thérèse à Fort Myers, Fl.