samedi 9 février 2013

EXCURSION - LAS LAGUNAS

EN PHOTOS


Les indications pour nous rendre au Las Lagunas

Nous devons traverser une piste désaffectée (Volcan)

Nous utilisons le tarmac pour nous stationner

Le volcan Baru est toujours en vue

L'excursion nous a permis de voir plusieurs Morphos bleus
(positon de défense)

Il se prépare à s'envoler


BOQUETE, 3 AU 8 FÉVRIER 2013.



Après 300 km sans histoire, nous arrivons à Boquete en après midi. Les hôtels sont pleins. Nous peinons à trouver une place pour coucher. Le premier soir, en dépit de notre scepticisme face à l’endroit, nous devons nous installer à l’hôtel  Boquete . Par bonheur, nos recherches du lendemain nous permettent de trouver  un petit bijou, au milieu d’un jardin luxuriant. La Pension Topas  fera  notre bonheur pour les quatre prochains jours, soit jusqu’au 8 février    commencera  le long ‘’week end’’ de cinq jours des  fêtes du Mardi Gras.

Ces fêtes représentent un vrai cauchemar pour nous, puisqu’elles signifient  que tous les hôtels et gîtes  seront  occupés de la cave au grenier. Malheur à quiconque n’a pas prévu  à l’avance cette affluence. Nous serons de ces  voyageurs condamnés à l’errance et à des nuits inconfortables  si  nous ne nous grouillons pas. Pendant des heures nous cherchons sur internet et dans notre guide de voyage. Finalement, Suzanne trouve une maison dont le propriétaire canadien  loue le premier étage. Nous abandonnons donc  pour l’instant notre projet  de visiter la province de Bocas del Toro. Nous passerons les fêtes du Mardi Gras à Volcan dans le Chiriqui.

Une fois résolu cet épineux problème, nous  roulons  vers   les sources d’eaux thermales de Caldera . Une partie importante de leur originalité et de leur charme tient au fait de la désorganisation complète du site de même que de la signalisation pour s’y rendre. Quand enfin nous arrivons  sur les lieux, c’est pour y apercevoir, en plein champs en jachère, deux ou trois  minuscules bassins, à peine de la grandeur d’un ‘’jacuzzi’’, entourés de murets de pierres volcaniques pour les abriter du vent et des regards. Nous déposons donc  au sol  vêtements, montres et caméras. L’eau  a à peine  un pied et demi de profondeur.   Quelques sommaires ébats et nous voilà rhabillés. Soudain apparaît parmi nous un singe chapardeur. Il s’empare d’une caméra  et se défile rapidement. Nous voilà donc courant derrière lui en criant ‘’hé… hé… hé ‘’!  Craignant nos vociférations et de peur d’être rattrapé, il abandonne son larcin, à notre grand soulagement. Sur le chemin du retour, nous l’apercevons à nouveau, dans une cage, dans la cour arrière du propriétaire du terrain où sont situées les sources. L’histoire ne dit pas combien de caméras et de montres décorent la cheminée de ce monsieur.

Notre propriétaire, monsieur Alex Schoeb, est  d’origine allemande. Il a 64 ans et  il habite en permanence au Panama depuis 21 ans. Il a commencé à s’y établir progressivement  il y a 26 ans. Il vient d’y enterrer sa mère il y a quelques semaines. Son frère unique, qui ne parle pas espagnol, vient  de s’installer à Boquete.    Outre son hôtel  composé de pavillons colorés, il cultive du café qu’il fait cueillir par une famille d’autochtones établis sur sa plantation. Une visite de sa propriété en flanc abrupt de montagne permet de réaliser  combien  les filles Gnöbes et Buglés doivent avoir de belles jambes sous leur jupes longues et colorées. En effet, ne dit on pas des québécoises qu’elles doivent leurs  jambes élancées au fait qu’elles montent et descendent quotidiennement les côtes de la Haute Ville?  Quand on regarde la pente et le gabarit  beaucoup plus impressionnants  des montagnes de Boquete, on s’imagine aisément  la qualité supérieure du galbe des amérindiennes d’ici. Avec la Jeep d’Axel qui a plus de quarante ans, nous ‘’déboulons ‘’ littéralement les  flancs accidentés de la montagne. Par bonheur, son moteur a encore une bonne compression. Nous laissons en chemin le petit Manuel qui m’a fait visiter la plantation, puis nous roulons jusqu’à la pesée à  l’entrée du village. Notre cargaison totalise 464 livres de café. Encore un kilomètre et nous voilà à la maison.  

Le lendemain, nous sommes déjà à la veille de notre départ pour Volcan. Le temps passe vite en un si bel endroit que la Pension Topas. En avant midi, nous roulons jusqu’au sentier du Volcan Baru. Il totalise 3475 mètres et est le plus haut sommet du Panama. De cet endroit stratégique, nous profitons d’une vue en surplomb de Boquete. Nous ne ferons pas l’escalade, car elle prendrait autour de neuf heures dans les deux sens.  

Plutôt, nous choisissons en après midi d’aller marcher et photographier les oiseaux du parc national du Volcan Baru. Nous devons marcher plus d’un kilomètre dans le parc, sur un route accidentée et escarpée, avant d’atteindre le Sentier des Quetzals qui s’enfonce dans le sous bois, jusqu’à Cerro Punta neuf kilomètres plus loin. Nous serions heureux de voir un de ces oiseaux très rares qu’on dit les plus beaux du monde. Le sentier grimpe sans relâche. Nous dépassons certes les 2000 mètres d’altitude. Nous circulons dans  ce que nous pourrions qualifier de pur prototype d’une jungle humide. Des arbres immenses,  dont la canopée est si haute que nous devons  nous casser le cou vers l’arrière pour en admirer la cime. Comme au pied des gratte-ciel de Ciudad  Panama. Après trois kilomètres de marche, il nous faut rebrousser chemin si nous voulons être de retour pour 17 heures,  comme convenu.   

En soirée, nous prenons un de nos meilleurs repas depuis notre arrivée au Panama. Le nom du restaurant Art Cafe and Gallery est à retenir. Bien que personne n’y parle français, on y présente un menu que nous pourrions très bien trouver sur une table de Paris. Le choix des crêpes est très varié. Nous en prenons quatre différentes qui s’avéreront toutes succulentes. L'intérieur du Café est aménagé et décoré avec goût. Tableaux et reproductions illustrent  les grandes marques et la vie courante en France. À la fois dépaysant, de bon goût et sympathique.  

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La Pension Topas à Boquette (dans le Chiriqui)

Vue du patio de la Pension Topas

La Café du Central Park de Boquete

Une des petites maisons de indigènes près de Boquete
 
Les dames dans les sources thermales

 Un bain de pieds

 Un bain de fesses à l'eau froide

mercredi 6 février 2013

PROVINCE DE VERAGUAS, DU 29 JANVIER AU 3 FÉVRIER 2013.



Déjà une semaine que nous avons quitté Ciudad Panama.

Aujourd'hui nous parcourons trois cents kilomètres entre Pedasi , au sud est de la province de Los Santos, et le petit bourg de Santa Fe, au centre nord de la province du Veraguas. Le Panama n'ayant pas une telle distance du Pacifique à l'Atlantique, il va sans dire que nous consacrons une partie de notre journée à mieux connaître le Los Santos, dans sa partie montagneuse continentale et moins habitée. Beaucoup de collines, le plus souvent sèches et sans arbres. Des routes sinueuses et sans cesse en réparation, ce qui nous ralentit énormément. Quelques petites villes ou villages peu populeux, portant de jolis noms comme El Cacao, Macaracas et Llano Largo.


Santa Fe est le dernier village au bout d'une route qui s'éteint dans la Cordillère des Andes. Plus loin, il faut avoir un véhicule tout terrain. Contrairement à El Valle qui était un plateau entouré de montagnes, Santa Fe est à cheval sur des crêtes de massifs escarpés. Pas de repos possible, on y monte ou on en descend. Il est facile de s'y égarer, car les routes y vont dans tous les sens et en changent sans arrêt. Pour nous orienter, il nous faudra apprendre à y reconnaître le profil des sommets... si les nuages souvent présents nous en laissent le loisir.


C'est à Santa Fe que se situe la ligne de partage des eaux. Certaines rivières y coulent vers le Pacifique, d'autres vers la mer des Caraïbes. Il n'est d'ailleurs pas impossible que certaines coulent des deux côtés à la fois, à la manière par exemple de l' Harricana qui, à la hauteur du pont d'Amos en Abitibi, peut être le point de départ en canot tout autant vers le fleuve Saint-Laurent que vers la baie James. Et des rivières il y en a beaucoup à Santa Fe. Elles coulent d'une eau abondante et limpide. Rien de comparable à celles à moitié desséchées de la province de Los Santos. Dans les circonstances, on devine aisément ce que nous dirait sur la question l'homme qui plantait des arbres.


Qui dit rivières dit nécessairement cascades. Nous en avons vu deux aujourd'hui. La Janita et la première des trois chutes Alto de Piedras. Cette dernière fait penser en plus petit au sault de la Dame Blanche. Soit celui qui dévale le cap à l'ouest de la chute Montmorency. À la différence que pour se rendre à l'Alto de Piedras, il faut marcher un bon vingt minutes dans une jungle tropicale humide.

Le Parc national de Santa Fe est à la frontière ouest de la province de Veraguas. Y vivent des représentants des tribus des Ngöbes et des Buglés. Nous y avons traversé un de leurs villages de maisonnettes en bois et en chaume, souvent sur pilotis. Ces autochtones vivent en autosubsistance. C'est-à-dire qu'ils ne commercialisent pas le maïs, les légumes, les fruits qu'ils font pousser. Pas plus que la viande des vaches et des volailles qu'ils élèvent. À Santa Fe, leurs enfants vont à l'école publique. Plus profondément en brousse, ce sont les professeurs qui se déplacent vers ceux ci.


Hier mercredi, nous avons visité la montagne des amérindiens dans la partie ouest de la région appelée La Muela et Alto de Piedra. Aujourd'hui jeudi, ce sont les 180 degrés du nord ouest au sud est de la couronne de Santa Fe que nous explorons, soit entre Bermejo et El Pantano. À l'occasion, nous croisons une ''chivas'' qui fait la navette entre les banlieues et le centre du village. Il s'agit le plus souvent d'une camionnette dans la boite de laquelle montent les passagers, protégés par une bâche de toile soutenue par des arceaux. Ce mode de transport rappelle le temps où le fermier , monsieur Dion, venait nous chercher à l'aurore à Beauport, pour nous amener cueillir ses fraises à Saint-François de l'Ile d'Orléans. Nous étions près d'une dizaine de jeunes adolescents , assis dans la boite ou debout sur le pare choc arrière , contents de cette ballade cahoteuse qui nous était offerte. La campagne de Santa Fe est une succession de descentes à pic et de remontées escarpées, de ponceaux qui traversent ruisseaux et rivières, de forêts où se mêlent jungle et orangers.


En soirée, c'est la Foire Agricole, Touristique, Folklorique et Artisanale qui nous intéresse. Cette fête annuelle commence à 19 heures et elle durera jusqu'à dimanche en fin de journée. Pour se représenter cet évènement, on peut faire l'analogie avec ce qui est communément appelé ''l'Exposition de Québec'', qui a lieu annuellement à la fin d'août au parc d'Expositions et de Foires près du Colisée de Québec. En font partie les nombreux restaurants improvisés et les kiosques où on vous offre un ''toutou'', si vous faites tomber successivement trois bouteilles avec une balle que vous lancez. Vous pouvez y acheter de tout, à partir du véritable artisanat local jusqu'aux casquettes Adidas ou aux chapelets fluorescents.


Les animaux et produits de la ferme y sont aussi mis en montre, avec les programmes d'aide et de conseil aux agriculteurs. En soirée, un beau feu d'artifice vient clore gaiement cette première journée de célébration.


Nous voici rendus au vendredi et nous avons des fourmis dans les jambes. Le Cerro (montagne) Tutte paraît tout indiqué pour y remédier. Soixante quinze minutes de montée à pied sous un vent qui veut emporter nos ''calottes'' et qui nous soulève parfois presque de terre. Nous stoppons quand la route de gravier cesse de grimper. La vue est magnifique. Quoique plus arides que celles plus au nord en face de notre chambre d'hôtel, les montagnes devant nous demeurent en général vertes, avec de trop rares taches de grands pins ici et là. Avis à celles et ceux qui aiment la randonnée pédestre et les vues panoramiques. Santa Fe de Panama ne les décevra pas.


Après l'effort,nous affirmons péremptoirement que nous avons droit aux loisirs. Nous voici donc à la foire, à la recherche de distractions légères. Bien qu'une grande roue et beaucoup d'autres jeux forains se soient ajoutés depuis hier, nous optons plutôt pour le folklore. Un spectacle de danse débute justement sous une grande ''palapa'' (aire ouverte et sans murs, abritée par une seule toiture, dans ce cas ci de béton et d'acier)

. Tout sourire, les très jeunes filles arborent de superbes ''polleras'' (jupes amples, longues, plissées et brodées). Leurs cavaliers portent une chemise blanche, longue et sans col, qui déborde sur des pantalons foncés. Tous tiennent haut leur chapeau de paille à la palette avant retroussée, celui ci passant fréquemment de la main au chef et réciproquement, selon les exigences de la chorégraphie. Escarpins colorés pour ces dames, sandales ou souliers légers pour ces messieurs. Les pas esquissés par les garçons s'inspirent souvent des danses espagnoles où on tape fort du talon, en saccades qui donnent le rythme. Les filles soulèvent les deux bords de leur jupe en éventail et elles accompagnent gracieusement les gestes de leur compagnon de la soirée. Un couple de danseurs imite habilement la sempiternelle quête des faveurs de la dame par un prétendant. Les troupes se succèdent, avec d'autres ''polleras'' et d'autres duos qui rivalisent en couleurs et en habileté.


Après la danse, c'est au tour de la musique. Sous une autre ''palapa'' de métal qui abrite les stalles des maraîchers du ''mercado'' (marché) aux légumes et aux fruits, un quintet de joyeux lurons jouent de l'accordéon, du tambour et du tamtam, accompagnés par un habile joueur de ''courge à fourchette''. Son instrument a la forme d'une courge oblongue, dont la surface dure et rugueuse permet d'émettre un son de '' tchiquetchique'' rythmé lorsqu'on le frotte en va et vient avec les pointes d'une fourchette. Un des rares auditeurs rassemblés leur offre à tour de rôle une bouteille dans laquelle nous devinons de la gnole à fort pourcentage d'alcool. Nos lascars exubérants jouent pour le plaisir, cela se voit. Ils s'amusent ferme et ne ménagent pas leur talent pour nous en mettre plein les oreilles. Nous nous appuyons donc sur le comptoir en bambou du marchand silencieux et imperturbable et nous assistons avec un grand sourire aux ébats musicaux de nos artistes inspirés. Ils sont à deux pas de nous , ce qui nous permet d'apprécier de près leur dextérité et leur charisme. Ils saluent nos applaudissements et nos bravos. Nous les sentons fatigués, mais leurs pauses ne durent que quelques secondes tellement ils ont hâte de reprendre leur concert qu'ils savent apprécié.


Au retour à l'hôtel, une pluie abondante se met à tomber. La première vraie ondée depuis notre arrivée au Panama. Vents et averses continueront toute la nuit. Au petit matin, le vent du nord nous apportera nuages gris et crachin. Au moins nous n'aurons pas chaud. Thérèse semble s'ennuyer de se plaindre du froid...


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Cabanas des Knobe-Bugle

Cabanas des Knobe-Bugle

Coffee Mountain Inn à Santa Fé

Vue des montagnes de notre hôtel

Un groupe de danseuses lors de la Féria de Santa Fé

Les ainés eux aussi dansent

Les ainés ont leur costume traditonel

Un p'tit remontant pour les musiciens et les danseurs (ainés)


PÉNINSULE DE AZUERO, DU 24 AU 29 JANVIER 2013.



Nous nous attardons avant de partir des Cabanas Potosi car nous sommes tristes de quitter la belle Valle de Anton. Avant le départ inévitable, nous prenons silencieusement notre café matinal sur la terrasse arrière de Mireya. Celle ci a déposé du riz sur ses mangeoires. Nous sommes entourés d'oiseaux rouges, verts, jaunes, bleus que nous savourons à satiété.

Puis nous roulons 175 kilomètres jusqu'à Chitré, la capitale de la province d'Herrera. Une fois sortis de la route montagneuse et en épingle d'El Valle, nous retrouvons la monotonie de l'autoroute Panaméricaine, la plane numéro 1. De chaque côté, des plantations de canne à sucre et de maïs desséché. En route, nous nous arrêtons dans la petite ville de Nata pour y dîner. Bonne décision, car son église est un chef-d'œuvre de simplicité architecturale. Toute blanche, avec des lignes en arabesques, elle est de pur style espagnol. Rien d'étonnant, puisqu'elle est la plus ancienne église coloniale encore en activité au pays. Avec Panama Viejo, Nata est la plus vieille ville post colombienne du Panama. En effet, aussi tôt qu'en 1515, Gaspar de Espinosa y entreprenait une initiative de colonisation. L'intérieur du temple est tout en bois, avec des colonnes taillées à la hache. Une peinture datant de 1758 y représente la Trinité sous forme de trois personnages ressemblant au Christ, ce qui ne correspond pas aux normes du droit canon.  Notre copieux dîner ne nous coûte que 3 dollars.


Et voilà que nous arrivons à Chitré, avec ses 50 000 habitants et son église, toute blanche elle aussi. L'hôtel Mali Panama est à deux pas du ''parque central'' (centre ville). Nous mangeons comme des ogres au petit restaurant ouvert sur la rue et qui se dénomme à juste titre ''Aire Libre''. Au menu: riz à la panaméenne et soupe aux ''camarones'' ( crevettes).


Nous nous traînons les pieds le matin du lendemain de notre arrivée à Chitré. Plusieurs cafés, attablés au ''lobby'' de l'hôtel qui donne sur la rue au deuxième étage. Départ en fin d'avant midi, après une autre prise de contact avec le centre ville. L''el centro'' est bruyant, animé et avantagé par plusieurs petits parcs peu occupés.


Quelque trente kilomètres de route sans histoire, dans une campagne sans relief et asséchée par un soleil qui darde sans relâche. Nous savons maintenant ce qu'ont enduré les cowboys dans les déserts des films de western hollywoodiens. Autour de nous, des bovidés, des champs de cultures maraîchères et de maïs jaunis.

À deux pas du ''parque central'' de Las Tablas, l'hôtel Piamonte a de grandes chambres pour nous, dont la façade donne sur l'avenue Belisario Parras, du nom d'un ancien président du pays, né dans la petite municipalité de 9000 habitants. Il est 17 heures. Un long cortège en provenance de l'église Santa Librada tout près passe sous notre fenêtre. Une centaine de personnes, la mine déconfite, déambulent à largeur de rue derrière un corbillard appesanti par des couronnes de fleurs. L'air est lourd, les gens sont recueillis, sauf quatre hommes à la toute fin du cortège qui parlent entre eux, comme si de rien n'était. Le défunt n'est pas encore sous terre que déjà on commence à s'en d’ésintéresser.

Une bonne nuit de sommeil et nous voilà mûrs pour aller enquêter sur les dessous des ''polleras'' (sans jeu de mot coquin bien sûr). Il s'agit de ces robes de lin blanc que certaines artisanes de la région confectionnent pour qui voudrait les porter lors des grandes fêtes. Motifs colorés et complexes en font des chef d'œuvre très dispendieux pour quiconque veut les acquérir. On parle d'un travail à la main représentant de neuf à douze mois de travail. Le prix peut atteindre 5000 dollars pièce.

Nous voilà donc partis pour San José où, dit on, plusieurs artisanes ouvrent leurs ateliers. Une fois arrivés dans ce bourg de 1300 habitants seulement, aucune trace d'une quelconque boutique de fabrication ou de vente de ''polleras''. L'épicière nous indique du bout du doigt une maison où nous pourrions rencontrer une de ces brodeuses, Nous cognons donc à la dite porte qui nous est ouverte par le fils de la maison. Celui ci va chercher le papa, qui lui va chercher la mama, qui elle nous invite avec un grand sourire dans son salon. Elle nous montre d'abord une de ses œuvres puis, devant nos mines ébahies, elle en sort d'autres, puis d'autres et encore d'autres. Elle exécute quelques points devant nous, répond à nos questions, nous apprend qu'elle a une fille qui vit à Montréal, se fait photographier avec nous par son fils pour envoyer ce souvenir à sa fille à Montréal.  Tout cela en présence de son autre fille, qui sourit sans arrêt à voir le contentement de sa mère à étaler ses robes de toutes grandeurs sur le fauteuil devant nous. Reprenez votre souffle, ces phrases étaient longues

. Éventuellement, il nous faut prendre congé de cette famille si accueillante. Dommage, dans le feu de l'action, nous avons oublié de nous photographier nous mêmes en présence de cette dame et de sa famille. Il faudra aller chez sa fille à Montréal si nous voulons un jour réparer cette bévue.


Après ces beaux moments, nous partons pour la plage ''Las Comadres''. Pour nous y rendre, nous aboutissons au fond d'un cul de sac qui s'arrête au Pacifique. La mer monte, les vagues roulent, mais l'eau brunie par le sable n'est pas assez invitante pour y faire autre chose que se tremper les pieds et bailler aux corneilles, confortablement installés sur les rochers décorés de coquillages en train d'y fossiliser. Une frégate ((l’oiseau) tournoie au dessus de nos têtes, des chevaliers trempent leurs pattes délicates dans l'embrun. Nous avons tout pour être heureux. Nous venons de lire que les maisons unifamiliales se construisent à partir de 40 000$ dans le coin. Les fermiers annoncent des lots à vendre en bordure de mer. Deux pêcheurs viennent de mettre leur embarcation à l'eau. Une robuste chaloupe en fibre de verre de vingt pieds, qui rebondit sur les vagues, poussée par un moteur hors bord manipulé manuellement. S'il ne faisait pas si chaud, ce coin de paradis ferait un bon refuge pour hiverner.


L'avant midi a pris fin. Il est temps de dîner. Un restaurant tout à côté semble nous prier de lui faire l'honneur de notre présence. Nous acceptons son invitation indirecte. Les proprios discrets nous accueillent avec un sourire. Leur menu propose bien sûr des '' pescados'' (poissons) et des ''mariscos'' (fruits de mer) . Cela va de soi, avec une terrasse qui jouxte la plage, tout juste à côté de la mise à l'eau des pêcheurs. Les poissons doivent être frais. Le service est lent et nous en sommes aise. Cela nous permet de goûter le calme et la beauté du moment. La chair est succulente et les prix sont on ne peut plus raisonnables. À titre indicatif, pour dix dollars seulement, Thérèse s'offre quatre grosses langoustes, avec salade, frites et deux bières locales. Essayez de trouver la pareille en Gaspésie.


''El Nino'', vous connaissez? Ici à Las Platas il ne s'agit pas d'un courant marin du Pacifique sud. À chaque mois de janvier, à peu près à pareille date, le saint patron des enfants, ''El Nino'', fait l'objet d'un culte particulier. Les croyants, incluant surtout les enfants, marchent en procession dans la rue, le soir. Ils chantent, accompagnés par une fanfare dont le tambour major scande la cadence. Un char allégorique les accompagne, supportant la statue d'un bambin, derrière lequel est suspendu un oiseau blanc qui pourrait représenter le Saint-Esprit. Aucun prêtre ne semble les accompagner. À moins qu'il n'en ait, habillés en laïque, qui se confondent à la foule. Il ne s'agit là que d'un exemple de la Foi encore très vive qui anime les panaméens. Nous avons eu à date d'autres témoignages analogues, notamment lors d'un service religieux observé dans l'église de Nata. Les gens semblaient y vouer un attachement spécial à Jean - Paul 2, dont certains portaient l'image en effigie.


Le chemin est court entre Las Tablas et Pedasi.Nous décidons donc en cours de route de visiter sommairement La Palma et Pocri. Deux beaux petits villages aux maisons propres, colorées, bien entretenues. Définitivement, les habitants de la péninsule d'Azuero et de la province de Coclé ont un niveau de revenu supérieur à celui de leurs homologues mexicains. Leurs routes sont impeccables et leurs automobilistes y conduisent correctement. Pas de klaxons intempestifs. En outre, les panaméens vivent à aire ouverte, c'est-à-dire qu'ils ne clôturent pas leur propriété avec des murs de ciment de six pieds de haut comme le font les mexicains.


Pedasi se veut une ville touristique. De ce fait, l'ambiance y est moins fébrile et affairiste. On pourrait se croire dans un village de l'Ile d'Orléans en juillet, les érables et les épinettes en moins. On y compte 2500 habitants seulement. Encore plus qu'à Las Tablas, la publicité incite à l'achat de condos ou de lots pour quiconque cherche une résidence secondaire au soleil. Les agences immobilières y sont présentes. On veut du touriste qui s'établit, des vacanciers et retraités qui désirent vivre entourés de plages accueillantes, dans un milieu calme, champêtre et chic. Les appartements de une à trois chambres s'y vendent à partir de 97 000$. On peut penser que Pedasi dans vingt ans sera la Saint-Sauveur de la province de Los Santos. La spéculation foncière y est déjà installée. Le prix des propriétés y semble en effet sensiblement plus élevé qu'à Las Tablas.


Près de Pedasi, à environ cinq kilomètres au large de Playa El Arenal, on voit se profiler l'Isla Iguana, qui abrite un Refugio de Vida Sylvestre. Comme l'indique son nom, on y trouve des iguanes, mais aussi une plage paradisiaque que n'aurait pas dédaignée Robinson Crusoë.


Pour s'y rendre, de robustes chaloupes en fibre de verre de vingt pieds de long, poussées par des hors bord de quarante forces. Les vagues sont hautes. Elles feraient pâlir sinon blanchir de peur notre ami Jean. Rien à voir avec la houle que nous avions affronté ensemble en kayak sur le Saguenay. Nous parlons cette fois de déferlantes océaniques, qui font lever la proue à quarante cinq degrés, sinon plus. Gare à celles ou ceux qui n'ont pas de fesses, car le claquement répété et sec de la coque qui bascule de l'autre côté des vagues devient vite une épreuve pour des os non enveloppés.


Côté végétation, on y voit surtout des mangroves. Ici et là des cocotiers et des feuillus géants. Par cette chaleur éprouvante, ils nous prodiguent un écran protecteur apprécié. Aussi, des murs infranchissables d'arbustes de dix à douze pieds de haut, dont les troncs droits et rigides sont couverts d'épines d'un pouce et quart de long. Plus loin, des champs de graminées géants, que le vent fait balancer au dessus de nos têtes. Heureusement, des sentiers sont aménagés pour nous permettre de circuler dans cette jungle rébarbative. Sans contredit toutefois, le plus spectaculaire et exotique aspect de cette île est sa colonie de 5000 frégates. Et nous sommes là, au début de la période des amours, quand ces majestueux planeurs commencent à amasser des branches pour confectionner leur nid. Des heures d'un bal incessant de centaines de ces oiseaux rares autour et au dessus de nous. Les mâles avec leur gorge rouge qu'ils peuvent gonfler à volonté. Les femelles avec leur tête et leur poitrine blanche, qui commencent à se faire faire la cour. De très rares spécimens perchés, possiblement parce qu'en train ou en voie de se faire un nid. La très grande majorité volant et planant, à toutes les altitudes, en cercles et en zig zag, au dessus de la futaie destinée à devenir à court terme leur site de ponte et de couvée. Chanceux sont ceux qui à l'occasion voient planer en solitaire un de ces grands voyageurs au long cours, car ceux ci se tiennent le plus souvent loin des rivages. Comment appeler ceux qui comme nous en admirent des centaines à la fois, pendant toute une journée, souvent à quelques pieds de distance?

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Des pêcheurs - la playa Las Comadres

Un festin de fruits de mer

Préparation pour le transport pour Isla Iguana

Cratère créé par une bombe lors de la 2ième guerre mondiale

 Luc sur Isla Iguana

Thérèse sur Isla Iguana