mercredi 6 février 2013

PROVINCE DE VERAGUAS, DU 29 JANVIER AU 3 FÉVRIER 2013.



Déjà une semaine que nous avons quitté Ciudad Panama.

Aujourd'hui nous parcourons trois cents kilomètres entre Pedasi , au sud est de la province de Los Santos, et le petit bourg de Santa Fe, au centre nord de la province du Veraguas. Le Panama n'ayant pas une telle distance du Pacifique à l'Atlantique, il va sans dire que nous consacrons une partie de notre journée à mieux connaître le Los Santos, dans sa partie montagneuse continentale et moins habitée. Beaucoup de collines, le plus souvent sèches et sans arbres. Des routes sinueuses et sans cesse en réparation, ce qui nous ralentit énormément. Quelques petites villes ou villages peu populeux, portant de jolis noms comme El Cacao, Macaracas et Llano Largo.


Santa Fe est le dernier village au bout d'une route qui s'éteint dans la Cordillère des Andes. Plus loin, il faut avoir un véhicule tout terrain. Contrairement à El Valle qui était un plateau entouré de montagnes, Santa Fe est à cheval sur des crêtes de massifs escarpés. Pas de repos possible, on y monte ou on en descend. Il est facile de s'y égarer, car les routes y vont dans tous les sens et en changent sans arrêt. Pour nous orienter, il nous faudra apprendre à y reconnaître le profil des sommets... si les nuages souvent présents nous en laissent le loisir.


C'est à Santa Fe que se situe la ligne de partage des eaux. Certaines rivières y coulent vers le Pacifique, d'autres vers la mer des Caraïbes. Il n'est d'ailleurs pas impossible que certaines coulent des deux côtés à la fois, à la manière par exemple de l' Harricana qui, à la hauteur du pont d'Amos en Abitibi, peut être le point de départ en canot tout autant vers le fleuve Saint-Laurent que vers la baie James. Et des rivières il y en a beaucoup à Santa Fe. Elles coulent d'une eau abondante et limpide. Rien de comparable à celles à moitié desséchées de la province de Los Santos. Dans les circonstances, on devine aisément ce que nous dirait sur la question l'homme qui plantait des arbres.


Qui dit rivières dit nécessairement cascades. Nous en avons vu deux aujourd'hui. La Janita et la première des trois chutes Alto de Piedras. Cette dernière fait penser en plus petit au sault de la Dame Blanche. Soit celui qui dévale le cap à l'ouest de la chute Montmorency. À la différence que pour se rendre à l'Alto de Piedras, il faut marcher un bon vingt minutes dans une jungle tropicale humide.

Le Parc national de Santa Fe est à la frontière ouest de la province de Veraguas. Y vivent des représentants des tribus des Ngöbes et des Buglés. Nous y avons traversé un de leurs villages de maisonnettes en bois et en chaume, souvent sur pilotis. Ces autochtones vivent en autosubsistance. C'est-à-dire qu'ils ne commercialisent pas le maïs, les légumes, les fruits qu'ils font pousser. Pas plus que la viande des vaches et des volailles qu'ils élèvent. À Santa Fe, leurs enfants vont à l'école publique. Plus profondément en brousse, ce sont les professeurs qui se déplacent vers ceux ci.


Hier mercredi, nous avons visité la montagne des amérindiens dans la partie ouest de la région appelée La Muela et Alto de Piedra. Aujourd'hui jeudi, ce sont les 180 degrés du nord ouest au sud est de la couronne de Santa Fe que nous explorons, soit entre Bermejo et El Pantano. À l'occasion, nous croisons une ''chivas'' qui fait la navette entre les banlieues et le centre du village. Il s'agit le plus souvent d'une camionnette dans la boite de laquelle montent les passagers, protégés par une bâche de toile soutenue par des arceaux. Ce mode de transport rappelle le temps où le fermier , monsieur Dion, venait nous chercher à l'aurore à Beauport, pour nous amener cueillir ses fraises à Saint-François de l'Ile d'Orléans. Nous étions près d'une dizaine de jeunes adolescents , assis dans la boite ou debout sur le pare choc arrière , contents de cette ballade cahoteuse qui nous était offerte. La campagne de Santa Fe est une succession de descentes à pic et de remontées escarpées, de ponceaux qui traversent ruisseaux et rivières, de forêts où se mêlent jungle et orangers.


En soirée, c'est la Foire Agricole, Touristique, Folklorique et Artisanale qui nous intéresse. Cette fête annuelle commence à 19 heures et elle durera jusqu'à dimanche en fin de journée. Pour se représenter cet évènement, on peut faire l'analogie avec ce qui est communément appelé ''l'Exposition de Québec'', qui a lieu annuellement à la fin d'août au parc d'Expositions et de Foires près du Colisée de Québec. En font partie les nombreux restaurants improvisés et les kiosques où on vous offre un ''toutou'', si vous faites tomber successivement trois bouteilles avec une balle que vous lancez. Vous pouvez y acheter de tout, à partir du véritable artisanat local jusqu'aux casquettes Adidas ou aux chapelets fluorescents.


Les animaux et produits de la ferme y sont aussi mis en montre, avec les programmes d'aide et de conseil aux agriculteurs. En soirée, un beau feu d'artifice vient clore gaiement cette première journée de célébration.


Nous voici rendus au vendredi et nous avons des fourmis dans les jambes. Le Cerro (montagne) Tutte paraît tout indiqué pour y remédier. Soixante quinze minutes de montée à pied sous un vent qui veut emporter nos ''calottes'' et qui nous soulève parfois presque de terre. Nous stoppons quand la route de gravier cesse de grimper. La vue est magnifique. Quoique plus arides que celles plus au nord en face de notre chambre d'hôtel, les montagnes devant nous demeurent en général vertes, avec de trop rares taches de grands pins ici et là. Avis à celles et ceux qui aiment la randonnée pédestre et les vues panoramiques. Santa Fe de Panama ne les décevra pas.


Après l'effort,nous affirmons péremptoirement que nous avons droit aux loisirs. Nous voici donc à la foire, à la recherche de distractions légères. Bien qu'une grande roue et beaucoup d'autres jeux forains se soient ajoutés depuis hier, nous optons plutôt pour le folklore. Un spectacle de danse débute justement sous une grande ''palapa'' (aire ouverte et sans murs, abritée par une seule toiture, dans ce cas ci de béton et d'acier)

. Tout sourire, les très jeunes filles arborent de superbes ''polleras'' (jupes amples, longues, plissées et brodées). Leurs cavaliers portent une chemise blanche, longue et sans col, qui déborde sur des pantalons foncés. Tous tiennent haut leur chapeau de paille à la palette avant retroussée, celui ci passant fréquemment de la main au chef et réciproquement, selon les exigences de la chorégraphie. Escarpins colorés pour ces dames, sandales ou souliers légers pour ces messieurs. Les pas esquissés par les garçons s'inspirent souvent des danses espagnoles où on tape fort du talon, en saccades qui donnent le rythme. Les filles soulèvent les deux bords de leur jupe en éventail et elles accompagnent gracieusement les gestes de leur compagnon de la soirée. Un couple de danseurs imite habilement la sempiternelle quête des faveurs de la dame par un prétendant. Les troupes se succèdent, avec d'autres ''polleras'' et d'autres duos qui rivalisent en couleurs et en habileté.


Après la danse, c'est au tour de la musique. Sous une autre ''palapa'' de métal qui abrite les stalles des maraîchers du ''mercado'' (marché) aux légumes et aux fruits, un quintet de joyeux lurons jouent de l'accordéon, du tambour et du tamtam, accompagnés par un habile joueur de ''courge à fourchette''. Son instrument a la forme d'une courge oblongue, dont la surface dure et rugueuse permet d'émettre un son de '' tchiquetchique'' rythmé lorsqu'on le frotte en va et vient avec les pointes d'une fourchette. Un des rares auditeurs rassemblés leur offre à tour de rôle une bouteille dans laquelle nous devinons de la gnole à fort pourcentage d'alcool. Nos lascars exubérants jouent pour le plaisir, cela se voit. Ils s'amusent ferme et ne ménagent pas leur talent pour nous en mettre plein les oreilles. Nous nous appuyons donc sur le comptoir en bambou du marchand silencieux et imperturbable et nous assistons avec un grand sourire aux ébats musicaux de nos artistes inspirés. Ils sont à deux pas de nous , ce qui nous permet d'apprécier de près leur dextérité et leur charisme. Ils saluent nos applaudissements et nos bravos. Nous les sentons fatigués, mais leurs pauses ne durent que quelques secondes tellement ils ont hâte de reprendre leur concert qu'ils savent apprécié.


Au retour à l'hôtel, une pluie abondante se met à tomber. La première vraie ondée depuis notre arrivée au Panama. Vents et averses continueront toute la nuit. Au petit matin, le vent du nord nous apportera nuages gris et crachin. Au moins nous n'aurons pas chaud. Thérèse semble s'ennuyer de se plaindre du froid...


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Cabanas des Knobe-Bugle

Cabanas des Knobe-Bugle

Coffee Mountain Inn à Santa Fé

Vue des montagnes de notre hôtel

Un groupe de danseuses lors de la Féria de Santa Fé

Les ainés eux aussi dansent

Les ainés ont leur costume traditonel

Un p'tit remontant pour les musiciens et les danseurs (ainés)


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